1- L’état des milieux, un facteur essentiel de santé


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1.1 Des pollutions et nuisances générées par les activités humaines

Les pollutions et nuisances liées aux activités humaines détériorent la qualité de l’eau, de l’air et des sols dont notre santé dépend. Les activités industrielles rejettent de manière chronique ou accidentelle des substances très diverses dans l’environnement, même si tous ces rejets sont strictement encadrés par la réglementation. L’activité agricole contribue elle aussi à la pollution de l’eau (nitrates, produits phytosanitaires) et de l’air (particules, phytosanitaires). Les transports sont le principal facteur responsable de la pollution atmosphérique et des nuisances sonores. Le rejet d’eaux usées et pluviales dans les eaux superficielles, souterraines et littorales reste problématique malgré les efforts menés concernant leur traitement. Les comportements individuels contribuent aussi à différentes formes de pollution (utilisation de produits chimiques et biocides dans l’habitat et le jardin, usage individuel de la voiture, consommation d’énergie pour le chauffage, production de déchets…).

1.2 La pollution de l’air responsable de certaines pathologies

En matière de qualité de l’air, les risques ne sont pas exclusivement liés aux épisodes ponctuels de pollution mais aussi et surtout à l’exposition chronique même si ses effets sont plus difficiles à quantifier. La pollution de l’air a un rôle dans le développement ou l’aggravation de nombreuses pathologies, plus particulièrement pour les populations sensibles (enfants, personnes âgées…) : asthme, allergies, insuffisances respiratoires, maladies cardiovasculaires, cancers… Elle est une cause d’augmentation de la morbidité voire de la mortalité prématurée. Des effets sont observables même pour de faibles niveaux de pollution. Les pollens peuvent interagir avec les polluants atmosphériques, ces interactions aggravant la sensibilité immunologique aux pollens.

Bien que les polluants atmosphériques soient inhalés sous forme de mélanges, ils ont des effets différenciés : le dioxyde de soufre (SO2) et le dioxyde d’azote (NO2) sont des gaz irritants ayant un impact sur l’appareil respiratoire ; les particules, dont la toxicité varie avec la taille et la composition chimique, sont suspectées, expérimentalement, d’être cancérigènes, d’avoir des effets néfastes sur le système cardio-vasculaire et de favoriser l’apparition d’une sensibilisation allergique (particules très fines) ; l’ozone (O3) provoque de la toux, une gêne respiratoire et potentialise la réponse bronchique consécutive à l’exposition à un allergène chez les personnes sensibles.

Une évaluation de l’impact sanitaire a été réalisée par la Cellule interrégionale d’épidémiologie Sud de l’Institut de Veille Sanitaire (Cire-Sud-Invs) en 2011 pour les six principales villes de la région PACA (Aix-en-Provence, Avignon, Cannes, Nice, Marseille et Toulon), ce qui représente près de la moitié de la population. Chaque année, pour des niveaux de particules et d’ozone similaires à ceux mesurés en 2004-2006, près de 560 décès anticipés et 1000 hospitalisations cardiorespiratoires chez les personnes âgées de 65 ans et plus sont attribuables aux effets à court terme de la pollution de l’air. Une exposition à long terme de la population adulte serait responsable de près de 2 500 décès chaque année. Une diminution d’environ 20% de la pollution de fond permettrait un gain sanitaire annuel de 160 décès et 260 hospitalisations cardiorespiratoires.

Une autre étude de Cire-Sud-Invs publiée en 2011 sur les hospitalisations des personnes résidant sur le pourtour de l’étang de Berre (Bouches-du-Rhône) a montré un excès d’hospitalisation pour infarctus du myocarde, plus important chez les femmes, pour les communes les plus exposées à la pollution industrielle. Un excès d’hospitalisation pour leucémies aiguës chez les hommes a également été mis en évidence.

Un nouveau programme de surveillance des cancers du rein, de la vessie et des leucémies aiguës chez l’adulte intitulé REVELA 13 est mis en place depuis 2012 dans le département des Bouches-du-Rhône (Cire-Sud – InVS).

>Lien vers la page qualité de l’air - (Site ARS PACA)

voir le chapitre « Qualité de l’air » du PER

Des programmes d’actions et des procédures d’alerte et d’information sont mises en oeuvre au travers :
  • du Schéma Régional du Climat, de l’Air et de l’Energie (SRCAE) élaboré par l’État et le Conseil régional ;
  • Des Plans de Protection de l’Atmosphère (PPA) qui imposent des mesures locales concrètes, mesurables et contrôlables pour réduire significativement les émissions polluantes des sources fixes (industrielles, urbaines) et des sources mobiles (transports)
  • du Système Temporaire d’Encadrement Réglementaire et Normatif des Émissions Soufrées (STERNES) : dispositif de réduction des émissions industrielles spécifique à la zone de Fos, de l’étang de Berre et de Gardanne ;
  • de la diffusion d’information en cas d’alerte (Ozone, dioxyde de soufre, dioxyde d’azote et particules fines)

La surveillance de la qualité de l’air est assurée par l’association Air PACA.

1.3 Une qualité des eaux conforme aux exigences sanitaires

  • L’eau potable :

L’eau destinée à la consommation humaine est contrôlée de très près par les autorités sanitaires. Les résultats de ces contrôles sont accessibles par commune sur internet. En France, les risques sanitaires liés à la consommation d’eau sont faibles compte tenu de la performance des systèmes de traitement et de contrôle. En région PACA, presque 3000 unités de distribution alimentent une population d’environ 5 millions habitants. La qualité bactériologique des eaux ainsi distribuées
s’est globalement améliorée au cours de la dernière décennie avec 97% des habitants bénéficiant d’une eau de très bonne qualité en 2010. Mais des améliorations sont encore attendues notamment dans les trois départements alpins où les très petites unités de traitement dépassent de manière récurrente les limites de qualité. De plus, les autorités restent vigilantes concernant les pesticides détectés dans 12% des unités de distribution de la région au moins un fois dans l’année, surtout dans les départements du Var et du Vaucluse.

La protection des captages d’eau potable se poursuit afin de les protéger contre les pollutions ponctuelles ou accidentelles. Sur les 2031 points de captage d’eau potable en région, 1052 sont protégés par des arrêtés préfectoraux qui interdisent ou réglementent les activités qui pourraient nuire à la qualité des eaux captées. Par ailleurs, les premiers résultats des campagnes nationales de mesures de résidus de médicaments et de composés perfluorés sont disponibles sur le site internet de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation de l’Environnement et du Travail (Anses). - (http://www.anses.fr/)

L’Agence Régionale de Santé organise également le contrôle sanitaire des eaux conditionnées (eaux de source et minérales) et des eaux thermales. La région rassemble cinq établissements de conditionnement d’eau (1 eau minérale naturelle et 5 eaux de source) et 4 établissements thermaux dont les deux principaux se situent dans le département des Alpes de Haute Provence (Gréoux les Bains et Digne les Bains).

  • Les eaux de baignade :
Le contrôle sanitaire réglementaire, effectué par l’Agence Régionale de Santé durant la saison estivale, en application du code de la Santé publique et de directives européennes, comporte des analyses microbiologiques de l’eau et des relevés de paramètres physicochimiques. Il conduit en fin de saison à un classement des baignades en 4 catégories :
  • Eau de qualité excellente
  • Eau de bonne qualité
  • Eau de qualité suffisante
  • Eau de qualité insuffisante

Pour la saison estivale 2013, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur comptait 486 sites de baignade : 394 baignades en eau de mer, 81 baignades en eau douces et 11 baignades artificielles (bassins, barrages, piscines naturelles ou biologiques). L’ARS PACA a réalisé 7926 prélèvements et analyses sur les eaux de mer et eaux douces. Aucun site de baignade n’était concerné par une eau de mauvaise qualité.

En complément de l’action menée par l’ARS ou les collectivités, l’association Surfrider met en place des programmes d’action adaptés afin que les usagers du littoral et les pratiquants d’activités nautiques disposent d’une meilleure information tout au long de l’année. L’association s’appuie sur ses laboratoires indépendants afin de mieux connaître les problèmes de pollution du littoral.

Pour en savoir plus :

Parmi les contaminations marines d’origine naturelle, on peut citer les risques sanitaires liés à la présence de la microalgue toxique Ostreopsis ovata dans les eaux de baignade en Méditerranée. Son contact entraîne des symptômes irritatifs ORL, muqueux et digestifs, avec ou sans fièvre. La Direction générale de la Santé a mis en œuvre un dispositif associant une surveillance épidémiologique et une surveillance environnementale, ainsi qu’une gestion préventive du risque lié à la présence de cette algue.

1.4 La surveillance et la gestion des sites pollués recensés

Le sol est le réceptacle de nombreuses pollutions (anciens dépôts de déchets ou infiltrations de substances polluantes) et joue, selon les cas, un rôle de transfert, d’accumulation ou de dégradation des polluants. La pollution des sols peut entraîner une pollution des eaux ou de l’air et réciproquement. D’autres transferts s’opèrent par le biais de la chaîne alimentaire. Cette situation d’interface rend la pollution des sols et ses effets sur la santé difficile à appréhender. Les enfants constituent un groupe particulièrement vulnérable car ils sont plus souvent en contact avec le sol et les poussières.

voir le chapitre « Qualité des sols » du PER

La pollution au plomb a fait l’objet d’une attention particulière pour apprécier l’exposition des populations, et plus particulièrement des enfants, voire réaliser un dépistage du saturnisme.

1.5 La lutte contre les moustiques

Un référentiel régional pour la prévention de la prolifération des moustiques et une utilisation efficace et raisonnée des biocides anti moustiques a été élaboré. Ce document vise à informer l’ensemble des collectivités de la région sur la lutte anti-vectorielle et à les sensibiliser sur les conséquences de la lutte de confort qui relève de leur compétence.

Il s’agit de :

  • préciser le cadre réglementaire respectif de la démoustication de confort et de la lutte anti vectorielle
  • indiquer les actions de démoustication à privilégier : destruction des gîtes, traitement des larves et en dernier lieu seulement traitement adulticide
  • sensibiliser aux conséquences sanitaires de la démoustication de confort
  • informer sur l’impact des traitements à proximité de cultures labellisées (par exemple le label "Agriculture Biologique")
  • lister les produits utilisables et leurs conditions d’application
  • rappeler les obligations de protection des travailleurs chargés d’épandre les produits.

La lutte antivectorielle est piloté par l’ARS qui élabore l’arrêté préfectoral annuel définissant les conditions locales de mise en œuvre du plan anti-dissémination du chikungunya et de la dengue dans les départements classés en niveau 1. La mise en œuvre de ce plan s’effectue en lien avec les conseils généraux et leur opérateur (l’Entente Interdépartementale pour la Démoustication Méditerranée).

Ce plan comprend une surveillance épidémiologique, une surveillance entomologique du moustique « tigre » (aedes albopictus) et des actions de lutte contre ce moustique vecteur. Mais la lutte contre la prolifération du moustique est l’affaire de tous (suppression des eaux stagnantes, destruction des larves…).

Il n’y a pas eu d’épidémie de dengue ou de chikungunya en 2013. Un seul cas autochtone de dengue sans conséquence a été détecté.

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