Les enjeux de l’eau de la région PACA

La région PACA se caractérise par une grande diversité naturelle, héritée de la topographie, de la géologie, et de la climatologie. La diversité des milieux aquatiques y est remarquable (torrents de montagne, lac d’altitude, rivières en tresses, rivières méditerranéennes, cours d’eau temporaires, delta de Camargue, étangs, lagunes saumâtres, marais), de même que leur intérêt patrimonial.

Rivière Ubaye © Jean-Marc Salles
Rivière Ubaye © Jean-Marc Salles

La ressource en eau est globalement abondante mais inégalement répartie dans le temps et dans l’espace. La Durance et son principal affluent, le Verdon, constituent une ressource superficielle abondante à l’échelle régionale, couvrant 60% des usages de l’eau dans la région.

Une spécificité régionale est liée aux importants aménagements hydrauliques réalisés dans le but de compenser les déséquilibres naturels par des transferts d’eau de la zone alpine (bassin-versant du Verdon et de la Haute-Durance) vers les zones déficitaires et densément peuplées du littoral. Ces aménagements ont permis le développement de l’hydroélectricité, de l’agriculture irriguée, de l’industrie mais aussi la sécurisation de l’alimentation en eau potable et le développement du tourisme. Ils ont toutefois aussi fortement altéré les fonctionnalités naturelles des milieux aquatiques en modifiant le régime des écoulements, le bon déroulement du transport naturel des sédiments, les habitats disponibles pour la faune et la flore et en provoquant un cloisonnement néfaste au milieu.

L’enjeu inondation est prégnant, lié à la fois aux crues lentes comme celles du Rhône et aux crues torrentielles des rivières côtières ou alpines, notamment sur le littoral où l’urbanisation est importante. La pression exercée sur la ressource en eau et sur les milieux naturels aquatiques y est également importante.

Les enjeux de l’eau en quelques chiffres

  • 46 000 km linéaires de cours d’eau dont 2 000 km sont identifiés comme réservoirs biologiques (lien vers §7 glossaire) et 670 km sont en très bon état écologique (Eaufrance) .
  • 2000 km de digues de protection contre les inondations
  • PACA est la 2ème région de France en terme de nombre moyen d’arrêtés de catastrophes naturelles.
  • 62 % des masses d’eau superficielles sont en bon état écologique et 75 % en bon état chimique (Eaufrance).
  • 91 % des masses d’eau souterraine (Eaufrance) sont en bon état quantitatif (Eaufrance) et 81 % en bon état chimique
  • La ressource en eaux superficielle est de 14 milliards de m3 (68 milliards avec le Rhône) . Elle couvre 86 % des usages de l’eau en région dont les 2/3 proviennent du système Durance–Verdon
  • 177 ouvrages sont classés pour la restauration de la continuité écologique (Eaufrance) dont 20 au titre du plan Anguille (Source ONEMA) .
  • La région PACA compte 848 agglomérations d’assainissement
  • 15 cours d’eau / canaux ou parties de cours d’eau sont contaminés aux et font l’objet d’arrêtés d’interdiction de consommer les poissons pêchés.
  • 74 communes sont classées en Zones vulnérables aux nitrates où la qualité de l’eau doit être restaurée
  • 24 captages d’alimentation en eau potable sont classés prioritaires
  • 20 masses d’eau souterraines sont stratégiques pour l’alimentation en eau potable. 
  • 21 territoires sont identifiés dans le SDAGE comme potentiellement déficitaires pour la ressource en eau au regard des usages existants.
  • 9 SAGE sont mis en œuvre ou en cours d’élaboration et une trentaine de contrats de milieux
  • Plus de 60 gestionnaires de bassins-versants sont présents
Cliquez sur la Carte des gestionnaires des milieux aquatiques élaborée par le CRIGE
Carte des gestionnaires des milieux aquatiques élaborée par le CRIGE2

la gestion quantitative de la ressource en eau,

Malgré une ressource abondante, la situation reste néanmoins fragile et appelle à des efforts constants d’économie et de gestion durable, dans un contexte de développement démographique rapide et de changements climatiques. En effet, chaque année, des bassins versants connaissent des situations très tendues en période d’étiage (sécheresse), ce qui conduit les services de l’État à prendre des mesures de limitation ou d’interdiction de certains prélèvements ou usages.

la restauration de la continuité écologique

Plus de la moitié des cours d’eau de la région qui ne sont pas en bon état présentent un état biologique dégradé alors même que leur qualité physico-chimique est bonne, voire très bonne, ce qui montre que les dégradations morphologiques et hydrologiques sont des facteurs essentiels à restaurer pour atteindre le bon état.

Les cours d’eau ont été aménagés et exploités de longue date, ils ont fait l’objet d’importants prélèvements de matériaux, induisant des phénomènes d’érosion et de là, la réalisation d’ouvrages en travers de stabilisation ; ils ont été rectifiés, endigués et équipés de barrages de prise d’eau pour la production d’eau potable et l’irrigation. Une des conséquences de ces aménagements et usages passés est entre autres, un important effet de cloisonnement empêchant la libre circulation des espèces et le bon déroulement du transport naturel des sédiments, processus indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes aquatiques et à la préservation de certaines espèces migratrices emblématiques (Anguille, Alose feinte du Rhône, Lamproie), mais aussi au maintien des ouvrages d’art et des infrastructures situés dans ou à proximité des cours d’eau.

la qualité de la ressource en eau

La qualité de la ressource en eau est impactée par les rejets liés aux activités humaines. Matières organiques, azotées et phosphorées, matières en suspension, nitrates, pesticides, hydrocarbures (HAP), polychlorobiphényles (PCB) et métaux sont les principaux polluants. Un effort important est réalisé depuis plusieurs années pour améliorer la qualité des eaux, qu’elles soient souterraines ou de surface.

le risque hydraulique

En matière de risques hydrauliques, la région a connu différentes catastrophes qui ont marqué le territoire :

  • 1959 : rupture du barrage de Malpasset (432 morts dans la ville de Fréjus) ;
  • 1992 : Crues extrêmes ayant entraîné des dégâts sur les digues des cours d’eau du Sud ouest Mont Ventoux ;
  • 1994 : rupture de digues en basse Durance et en Camargue ;
  • 1993 et 2003 : rupture des digues de protection de la ville d’Arles sur le Rhône.

La région dispose d’un important parc d’ouvrages hydrauliques, barrages et digues. En particulier, elle possède le plus grand linéaire recensé en France pour les digues de protection contre les inondations, avec des enjeux particulièrement importants pour la sécurité des populations, notamment dans le secteur de la vallée du Rhône ou de la Camargue (1800 km environ).

La prévention du risque inondations fait l’objet d’une stratégie nationale présentée par la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie le 10 juillet 2014. Cette stratégie est déclinée à l’échelle régionale.

Zoom sur les enjeux de la Durance

Cliquez pour agrandir la carte du bassin-versant de la Durance
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Le territoire de la Durance mérite une attention particulière par son importance au niveau régional. En effet, Le bassin de la Durance, c’est presque la moitié de la superficie régionale avec :

  • un enjeu fort pour la production électrique, de nombreux aménagements hydrauliques et hydroélectriques qui ont fortement modifié le fonctionnement hydromorphologique de la rivière et générant des problématiques de transport solide ;
  • de nombreux usages dépendant de la ressource Durance/Verdon (alimentation en eau potable, irrigation et industrie) avec 70% de la ressource exportée hors du bassin de la Durance ;
  • des milieux d’une grande richesse écologique (cours d’eau en très bon état, réservoirs biologiques, habitats et espèces protégées,…) ;
  • un territoire en développement (projet ITER,…), des usages touristiques qui se diversifient et rendent la gestion de la ressource en eau encore plus complexe ;
  • des risques inondation à réduire et maîtriser dans un contexte où les barrages ont impacté le fonctionnement en crues et donc sensiblement modifié leur perception par les usagers et riverains ;
  • une gestion multi-partenariale avec un acteur économique central, EDF, un gestionnaire incontournable sur l’axe Durance, le syndicat mixte d’aménagement de la vallée de la Durance (SMAVD) qui est établissement public territorial de bassin (EPTB) sur l’ensemble du bassin de la Durance, et des gestionnaires de bassins versants (le Parc naturel régional du Verdon - PNRV, le syndicat mixte d’aménagement et de développement de Serre-Ponçon – SMADESEP,…).

Ce sont bien ces enjeux qui ont amené l’État à partir de 2002, à développer une vision stratégique intégrée sur ce territoire, formalisée dans le

. Ce plan a permis de lancer une dynamique et de rassembler les acteurs de la Durance autour d’objectifs communs.

Ces objectifs ont ensuite été repris et déclinés de façon plus opérationnelle dans le contrat de rivière Val Durance (CRVD) 2008-2014. Ce contrat représente un ensemble d’environ 300 opérations et un montant total de 168M€.

Cependant, ce contrat de rivière reste un outil de programmation financière et ne constitue pas un document de planification de la gestion de l’eau à l’échelle du bassin de la Durance. En effet, une réponse purement technique ne suffit pas, un travail de concertation est nécessaire, car ces enjeux ont des logiques différentes voire contradictoires et peuvent générer de ce fait d’importants conflits qui doivent donc être pris en compte de façon globale et intégrée. Ils sont interdépendants et intéressent de plus un vaste territoire.

Plus précisément, l’élaboration d’un SAGE sur la Durance permettrait d’organiser les négociations et de définir collectivement un cadre réglementaire dans lequel s’inscrira la gestion de l’eau.

les acteurs de l’eau

La mise en œuvre de la politique de l’eau repose sur une logique de gestion intégrée des milieux aquatiques et des enjeux inondation à l’échelle des bassins versants. C’est dans ce cadre que des maîtrises d’ouvrages se sont structurées depuis plusieurs années en PACA, se concrétisant par une bonne couverture du territoire régional en structures de gestion des milieux aquatiques et en démarches territoriales.

Le nouveau contexte législatif (Loi MAPTAM du 27 janvier 2014 et la loi NOTRE du 7 août 2015) appuie cette logique de gestion intégrée, en définissant désormais une compétence obligatoire, exercée par les intercommunalités en termes de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (GEMAPI - SI de l’eau Rhône-Méditerranée), compétence que la loi incite à exercer à l’échelle des bassins-versants, par transfert ou délégation à des regroupements d’intercommunalité.

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