Le groupe de travail Dioxines

Le groupe de travail du SPPPI relatif aux dioxines a pour mission d’évaluer, en toute transparence et avec toutes les données scientifiques disponibles, l’impact des rejets actuels de dioxines dans l’environnement, ceci pour répondre aux questions que se posent les populations concernées.

Ce groupe de travail était initialement divisé en quatre ateliers de travail :

  • inventaire des émissions de dioxines, animé par M. Thomas Devillers de la DRIRE
  • méthodologies et techniques de surveillance, animé par M. Roger Revalor de l’INERIS
  • risques sanitaires, animé par M. Alain Botta chef du Service Hospitalo-Universitaire de Médecine et Santé au Travail de Marseille
  • perception de la problématique et communication au public, animé par M. Jean-Claude Cheinet président du CYPRES

Les actions engagées sont les suivantes :

1. ATELIER « INVENTAIRE DES EMISSIONS DE DIOXINES »

Cet atelier a pour principal but de quantifi er et cartographier les émissions régionales de dioxines issues des différentes sources. Il s’attache notamment à compenser le manque d’information sur les activités humaines non industrielles (feux de forêts, transports, brûlis divers…). Les activités industrielles font elles l’objet d’un suivi régulier de la part de l’inspection des installations classées, notamment en ce qui concerne les rejets en dioxines.

Il apparaît ainsi que, selon les estimations du groupe de travail, les contributions en 2006 de chaque type de sources sont les suivantes :

  • Industrie : 48 % (dont 46 % pour la sidérurgie)
  • Agriculture : 1 %
  • Brûlage de câbles : 22 %
  • Activités humaines : 20 %
  • Feux de forêts : 9 %

Un approfondissement de cet inventaire a été réalisé autour des dioxines halogénées (chlorées ou bromées), potentiellement plus toxiques. Certaines opérations à risque ont été ainsi identifiées :

  • la combustion de plastiques, de textiles ignifugés ou d’équipements ignifugés, dont le retardant de flamme est un produit à base de brome
  • le recyclage du plastique, qui peut entraîner la formation de dioxines et de furannes lorsqu’un retardateur de flamme bromé est présent.

Par ailleurs une piste de réduction supplémentaire réside dans l’identification de moyens de maîtrise des émissions industrielles. Cette dernière action devra sans doute s’appuyer sur une meilleure maîtrise des procédés et des émissions associées. Elle est plus vaste que la question initiale liée aux dioxines et pourrait faire l’objet d’un groupe de travail à part entière. Un des objectifs pourrait être d’élaborer des guides d’aide à destination des exploitants.

2. ATELIER « RISQUES SANITAIRES »

Cet atelier avait pour objectif de faire le point sur les connaissances des effets délétères des dioxines chez l’homme. Cet atelier n’avait pas pour objectif de discuter de l’intérêt de l’incinération des ordures, des emplacements géographiques des incinérateurs et des niveaux de rejets de dioxines par les incinérateurs existants ou futurs. Une synthèse consensuelle réalisée à partir des contributions des participants à l’atelier regroupant des médecins toxicologues, des épidémiologistes de la santé, des représentants de services de l’État, de Collectivités Territoriales, d’Organisations Professionnelles et d’Associations a été rédigée.

En l’état actuel, il est possible de dégager les points forts suivants :

  • Les sources de production des dioxines et des furannes sont multiples et leur présence dans la nature est ubiquitaire
  • L’exposition humaine aux dioxines et furannes s’effectue à plus de 90 % par voie alimentaire, majoritairement avec des produits d’origine animale. Certains aliments, comme les produits de la mer, les produits laitiers, les produits carnés et les oeufs en sont les plus riches
  • Les dioxines et les furannes sont lipophiles et lentement biodégradables d’où leur persistance dans l’environnement et dans les organismes vivants. Leur demi-vie biologique est de 7 ans chez l’homme où ils s’accumulent dans les lipides (graisses de réserve, système nerveux central, foie, lait maternel).
  • Les facteurs qui favorisent une augmentation du taux sanguin sont : l’âge, le sexe féminin, la corpulence, une perte de poids récente, avoir des activités exposant aux dioxines, vivre en zone rurale, consommer des abats, des produits laitiers et des oeufs, avoir une cheminée ou un poêle à bois, travailler sur des bois traités, utiliser des biocides (pesticides, insecticides, herbicides, …). En outre, le fait d’être fumeur et la consommation de porc et de charcuterie sont des facteurs qui paraissent diminuer l’imprégnation aux dioxines.
  • Au plan de la toxicologie moléculaire, le caractère toxique des dioxines et des furannes polychlorés est indiscutable. Cependant certaines incertitudes subsistent encore sur les mécanismes d’actions chez l’homme et sur les effets délétères sur la santé humaine :
  • La plupart des études épidémiologiques réalisées pour lesquelles des effets toxiques graves ont été mis en évidence portent sur des niveaux d’exposition élevés voire très élevés aux dioxines.
  • Si l’on admet que les niveaux d’exposition actuels sont nettement plus faibles, les effets attendus doivent être logiquement réévalués à la baisse même si des études complémentaires portant sur les effets d’expositions à très faibles doses pourraient s’avérer utiles pour s’en assurer définitivement.

La synthèse du groupe de travail est accessible sur le site internet du SPPPI PACA :

3. ATELIER « METHODOLOGIE DE SURVEILLANCE »

L’objectif de cet atelier est l’identification et la comparaison des différentes méthodologies de surveillance de rejets de dioxines, et notamment celles mises en oeuvre par les industries régionales.
La méthodologie adoptée par le groupe de travail a consisté en l’étude des différentes méthodologies de surveillance mises en place par les industriels régionaux. Ainsi, plusieurs méthodes ont été relevées, et notamment l’utilisation des jauges Owen, la bio-surveillance à partir de végétaux supérieurs (Ray-Grass) et la bio-surveillance à partir de lichens.
Des fiches de synthèse ont été réalisées pour chacune des techniques étudiées.

Cet atelier a également oeuvré à la mise en place d’un schéma de surveillance prenant en compte :

  • les caractéristiques du site : topographie, météorologie, hydrographie…
  • le type d’habitat à proximité de l’installation : urbain, rural, dispersé, présence de jardins…
  • les activités économiques à proximité : industries, cultures agricoles, élevage, pêche…
  • les cibles potentielles : fruits, légumes, fourrages …

Un « guide de bonnes pratiques pour la conception et la mise en oeuvre d’un réseau de surveillance des dioxines et furannes dans l’environnement » a été rédigé par les membres de l’atelier à la suite des différents travaux du groupe.

Ce guide est accessible sur le site internet du SPPPI PACA :

Une application à un cas concret, suivie dans le cadre du SPPPI, paraît souhaitable.

4. ATELIER « PERCEPTION ET COMMUNICATION »

L’objectif de cet atelier est de recenser les craintes et les questions du public, puis dans un second temps, d’apporter des réponses en collaboration avec les autres ateliers du groupe de travail Dioxines.

Au cours des différents travaux de l’atelier, il est apparu certaines difficultés, notamment :

  • pour passer de la sphère technique (études et points de vue scientifiques, d’experts…) à la sphère publique ;
  • du fait des diverses représentations et perceptions du risque.

Une lettre de quatre pages a été rédigée courant de l’année 2007 sur les émissions et les caractéristiques des dioxines. Elle a été diffusée sous format papier à l’ensemble des mairies et des associations environnementales de PACA. Une version électronique a été envoyée à destination des médias.

Un numéro 2 de cette lettre est à l’étude, se nourrissant des conclusions de l’atelier risques sanitaires et de l’analyse des retours de la lettre « numéro 1 ».

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