2000 : La mine de graphite du Col du Chardonnet à 2700 m dans les Hautes Alpes

Le graphite est essentiellement utilisé pour la fabrication des mines de crayon et pour les charbons des moteurs électriques (tramways et trains essentiellement).


Géologie

Le gisement de graphite est situé dans des grès d’âge carbonifère (pendant l’ère primaire soit environ 300 000 millions d’années).

Ce graphite provient du métamorphisme du charbon. On se trouve en effet dans une région où a été exploité du charbon, notamment sous le domaine de ski de Serre Chevalier. La formation des Alpes a comporté des épisodes de remontées de laves à l’intérieur des massifs anciens qui ont modifié les roches en place par métamorphisme. Le charbon s’est transformé en graphite.

Les couches ont un pendage et une direction relativement réguliers, on en dénombre 5. Les 3 couches supérieures, les plus métamorphisées, renferment un graphite de meilleure qualité que les couches inférieures. L’épaisseur des veines varie entre 0,50 et 3 mètres.
Elles ont été exploitées sur une longueur de 350 mètres.

Le gisement se situe à une altitude de 2700 mètres. On sait qu’aux siècles derniers ce gisement était exploité en hiver par les habitants de la vallée. Les archéologues du CCSTI ont réalisé quelques études complémentaires sur cette mine.

Historique de l’exploitation 1901 - 1930

Les archives conservées nous permettent de remonter l’histoire de la mine seulement au début du siècle.

Entre 1901 et 1907, les travaux ont été menés par M. CHAPIN avec des procédés primitifs (pelles, paniers, brouettes) et les descenderies se remplissaient d’eau les hivers. Il semble que chaque année 150 à 200 tonnes de minerai ont pu être extraites.

De 1909 à 1912, la société du graphite français investit pour moderniser la mine : achat de perforatrices, de pompes, de treuils. De plus, les travers bancs furent ouverts sur 15 à 50 mètres de long. Une vingtaine d’ouvriers travaillaient sur le site et produisaient 50 tonnes de graphite par mois.

A partir de 1913, la société nouvelle du graphite français augmenta la production pour atteindre 150 tonnes par mois en 1917. Le maximum de la production aurait été atteint en 1918 avec 2132 tonnes pour décroître rapidement et stopper définitivement en 1930.

Le transport du minerai se faisait par câble et wagonnets depuis la mine (2700 mètres) et la route de la vallée de la Guisane (1700 mètres). Le graphite était ensuite transporté par camions jusqu’à l’usine de broyage située à Briançon près de la gare. En hiver, les conditions météorologiques obligeaient à remplacer les camions par des traîneaux et des chevaux. Le câble permettait un débit maximal de 25 tonnes par jour.

La roue du câble peut encore se voir sur le site à l’entrée de la galerie principale, la commune de Monetier les Bains a décidé de la conserver et d’en assurer l’entretien pour le plaisir des randonneurs et leur plus grand étonnement.

La situation administrative

La concession de plombalgine (minerai de graphite) du Col du Chardonnet a été attribuée par ordonnance royale le 10 mars 1824.

On connaît ses exploitants depuis le début du siècle :

  • De 1901 à 1907 : M. CHAPIN qui avait des moyens réduits,
  • De 1907 à 1912 : LA SOCIETE DU GRAPHITE FRANÇAIS créée par M. CHAPIN a été liquidée à l’amiable en 1912,
  • Le 24 octobre 1914, la concession est attribuée à la SOCIETE NOUVELLE DU GRAPHITE FRANÇAIS, cette société sera mise en liquidation en 1937,
  • En 1964, la société Anonyme J. PARADE ET FILS a acquis l’actif de la société précédente
    mais n’a pas exploité le site.

A ce jour, on considère cette concession comme orpheline, c’est à dire qu’elle n’a plus d’exploitant qui puisse réaliser des travaux de fin de concession, c’est pourquoi l’Etat a engagé, au cours de l’été 2000, des travaux de mise en sécurité de ce site très fréquenté par les randonneurs.

Les travaux de mise en sécurité du site

Un inventaire confié au BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) réalisé en 1998 a permis d’évaluer les dangers présentés par le site d’exploitation qui n’était plus en activité depuis les années 1930 environ.

La galerie principale ou travers banc était accessible à tout randonneur et permettait de s’engager en profondeur dans la mine dans des zones instables. Compte tenu de l’intérêt archéologique de cette ancienne exploitation, la galerie devait être fermée mais pas condamnée, c’est pourquoi sa mise en sécurité s’est faite par la pose d’une grille cadenassée dont la clef sera confiée à la commune de Monetier les Bains.

Cette dernière s’est engagée à la surveillance du site.

Les autres entrées de la mine qui servaient pour l’aérage ou l’accès au gisement, ont été obturées avec les matériaux trouvés sur place. Il n’était pas possible d’amener des matériaux depuis la vallée car le chantier est situé à 2700 mètres d’altitude.

Enfin, la tête du téléphérique qui permettait de descendre le minerai dans la vallée était instable, elle a été consolidée et sera conservée en l’état .

Le montant de ces travaux s’est élevé à 200 000 francs soient 30 489, 80 euros.

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