3- Une ressource et des milieux naturels soumis à de nombreuses pressions

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3.1 Des usages multiples et en évolution, des conflits possibles

La multiplicité des usages de l’eau soulève deux problématiques : la compatibilité des différents usages (risque de conflits d’usage) et la conciliation de ces usages avec la préservation du bon état et des fonctionnalités des milieux aquatiques.

Sur le lac de Serre-Ponçon, la gestion par EDF d’une côte (un niveau d’eau) touristique illustre bien cette difficile conciliation entre des usages souvent divergents (production hydroélectrique, irrigation, tourisme et alimentation en eau potable).

Parmi eux, l’hydroélectricité est un usage prépondérant en PACA en terme de volume, avec 5 milliards de m3/an dérivés, mais restitués. De fait, l’impact de cette activité sur les milieux est davantage dû aux ouvrages hydrauliques réalisés dans le lit des cours d’eau, impactant leur hydromorphologie.

Les réseaux agricoles prélèvent quant à eux de l’ordre de 2,3 milliards de m<sup>3</sup> chaque année, soit 5 fois les besoins agricoles estimés. Toutefois 70 à 80% de ces volumes dérivés retournent au milieu. L’impact de ces prélèvements peut être important sur les secteurs en déficit quantitatif qui connaissent notamment des étiages sévères. L’eau de la Durance est utilisée pour l’irrigation d’un vaste territoire en Vaucluse et dans les Bouches-du-Rhône.

L’irrigation gravitaire a permis le développement d’une agriculture diversifiée (fruits, légumes, foin…) et a créé au fil du temps un véritable patrimoine hydraulique (canaux, martelières, aqueducs, partiteurs…). Ce mode d’irrigation a également contribué à créer des milieux naturels et des paysages spécifiques (haies, bords de canaux arborés, zones humides). Les cultures n’utilisant que 15 à 20 % de l’eau amenée à la parcelle, le surplus alimente ainsi les nappes, les eaux de surface et les zones humides. Il peut également alimenter en eau des populations, des activités industrielles, et soutenir l’étiage des cours d’eau.

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<img172667241|left><img172667230|left>voir le chapitre « Biodiversité » du PER

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<img172678289|right>Concernant l’alimentation en eau potable, le volume total prélevé s’élève à environ 740 millions de m<sup>3</sup>/an. L’alimentation des zones urbaines (notamment Marseille, Toulon, Aix-en-Provence) est réalisée via le canal de Provence (du lac de Sainte-Croix jusqu’à Saint-Tropez) et le canal de Marseille, dérivé du canal usinier EDF.

Les consommations par habitant varient fortement en fonction du type d’habitat (collectif, individuel), de la taille des parcelles et du niveau de vie (de 100 l/j/hab dans certaines communes rurales à 500 l/j/hab dans les zones résidentielles du littoral varois ou des Alpes Maritimes).

Les prélèvements pour les usages industriels sont d’environ 300 millions de m<sup>3</sup>/an, ce qui représente 9% des volumes totaux prélevés. Les besoins en eau de l’industrie ont diminué de plus de 30% depuis les années 70 avec l’amélioration des processus (circuits fermés) et le ralentissement de certaines activités industrielles. L’activité industrielle génère également des rejets dans les milieux aquatiques. Elle est responsable d’environ la moitié des rejets ponctuels de polluants organiques et d’une part importante des rejets toxiques comme les métaux lourds.

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<img172667241|left><img172667230|left>voir le chapitre « Développement industriel et économie verte » du PER

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Les aménagements fluviaux réduisent les apports sédimentaires à la mer créant ainsi un déficit de sédiments en zone littorale pouvant avoir une incidence morphologique.

Le tourisme est un moteur essentiel du développement économique régional mais la fréquentation touristique (notamment en été sur le littoral et en hiver dans les stations de ski alpines) induit des pressions sur les milieux (prélèvements en eau et pollutions) auxquelles viennent s’ajouter d’autres pressions liées à la multiplication des activités en lien avec les milieux aquatiques (sports d’eau vive, randonnée aquatique, pêche sportive). Même si la fréquentation touristique est globalement
stable, la pression sur les milieux reste importante à cause du développement de ces nouvelles activités.

<center>Les chiffres clés sur l’eau en Provence-Alpes-Côte d’Azur</center> < <
Année moyenne Mm<sup>3</sup> mois de juillet Mm<sup>3</sup>
Ressource totale hors Rhône <center>13850</center> <center>786</center>
Ressource totale avec Rhône <center>67850</center> <center>4486</center>
Besoins AEP <center>340/450</center> <center>35/50</center>
Besoins irrigation <center>370 (423 avec riz)</center> <center>115 (150 avec riz)</center>
Besoins industrie <center>120</center> <center>10</center>
Besoins totaux <center>830/940</center> <center>160/175</center>
Besoin théorique des milieux (hors Rhône) <center>1100</center> <center>130</center>
Prélèvements AEP <center>738</center> <center>75</center>
Industrie <center>310</center> <center>131</center>
Irrigation <center>2246</center> <center>830</center>
Neige artificielle <center>3</center> <center>3</center>
Golfs <center>7</center> <center>1</center>
Prélèvements totaux (hors hydroélectricité) <center>3400</center> <center>1000</center>

(Tableau du diagnostic du SOURSE p. 81)

3.2 Une qualité de la ressource en eau hétérogène

En Provence-Alpes-Côte d’Azur :

  • 62% des masses d’eau superficielles sont en bon, voire très bon état écologique,
  • 75% en bon état chimique.

Parmi les cours d’eau qui ne sont pas en bon état, plus de la moitié présente un état biologique dégradé alors que la qualité physico-chimique est bonne voire très bonne. Cette situation montre que les dégradations morphologiques et hydrologiques sont très pénalisantes et qu’elles sont des facteurs essentiels à restaurer pour atteindre le bon état. Ces pressions sont nombreuses (barrages, seuils de prises d’eau, recalibrages, traversées urbaines, ouvrages de lutte contre les inondations, prélèvements…) et altèrent des fonctions naturelles essentielles, en modifiant les connexions entre le lit mineur et le lit majeur, entre le cours d’eau et la nappe alluviale, entre l’amont et l’aval. En PACA, plus de 2000 ouvrages ont été recensés sur les cours d’eau, parmi lesquels 200 ont été identifiés comme prioritaires au regard de la restauration de la continuité écologique amont-aval, pour assurer le passage des poissons et des sédiments. Ce sont également 1 500 km de linéaire de digues recensés, qui ponctuellement peuvent avoir un impact sur l’espace de mobilité des cours d’eau.

Concernant les eaux de surface, la région est globalement moins touchée par les pesticides que les autres régions du bassin Rhône Méditerranée. Toutefois, certaines ressources utilisées pour la production d’eau potable sont contaminées au-delà des normes en vigueur (cas de la retenue de Carcès alimentant la ville de Toulon). Sur certains cours d’eau du Vaucluse et du Var, des pesticides interdits sont encore détectés. Leur présence peut être liée à l’utilisation de produits interdits ou à un relargage progressif des pesticides accumulés dans le sol.

Pour les eaux souterraines, le principal facteur déclassant est la présence de pesticides parmi lesquels les triazines et le dichlobénil (molécules interdites) qui ont une forte rémanence dans les nappes (cas du plateau de Valensole et du piémont de la montagne de Lure). La région est aussi concernée par la présence de nitrates (cas de la nappe de Berre, de la région agricole du comtat Venaissin, des plaines du bas Gapeau et de l’Eygoutier et plus ponctuellement, des secteurs d’Oraison, Gréoux les Bains et Valensole). Enfin, les pollutions bactériologiques affectent presque systématiquement les eaux des karsts et les sources lors de grands épisodes pluvieux.

En ce qui concerne la pollution organique liée aux rejets des stations d’épuration, l’effort particulièrement soutenu depuis 2006 en terme de mise aux normes des équipements, dans le cadre de la directive Eaux Résiduaires Urbaines, a permis d’améliorer significativement la situation.

Cependant, la surveillance réalisée au titre de la DCE révèle que, sur la majorité des points de suivi, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des polychlorobiphényles (PCB) sont détectés, avec parfois un cocktail de plus de dix substances différentes. Un diagnostic de la contamination des poissons, réalisé dans le cadre du plan d’actions PCB, vient confirmer ce constat.

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<img172678290|center>
<center>Conformité de l’assainissement collectif Données décembre 2012</center>

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<img172674231 center> Sur le CARTOPAS 2014 de la DREAL PACA :
  • <a href="spip.php?page=affiche_article&id_article=7913" onclick="window.open(this.href, ’affiche_image’, ’width=300px, height=150px, top=100, left=50, toolbar=no, menubar=no, location=no, resizable=yes, scrollbars=yes, status=no’) ; return false ;" class="LienA" title="ouverture de l’article dans une nouvelle fenêtre">Carte des Conformité de l’assainissement collectif à la directive cadre sur l’eau</a>
<img172667182 center>

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En mer, les PCB sont également détectés : l’étude de la chair des merlus du golfe du Lion montre une contamination importante. De plus, l’ensemble des eaux qui s’écoule tout au long des bassins versants pour rejoindre la mer (pluies, fleuves, rejets divers), contribue de façon significative (estimé entre 70 et 80 %) aux perturbations de la zone côtière de par les éléments contaminants transférés.

Les zones humides quant à elles sont parmi les milieux naturels français les plus menacés et les plus dégradés. Près de 67 % des zones humides métropolitaines ont disparu depuis le début du XXème siècle, dont la moitié entre 1960 et 1990. En PACA, elles sont menacées par le développement de l’urbanisation, l’endiguement et l’incision du lit des cours d’eau, les activités agricoles et le développement des espèces exotiques envahissantes qui touchent notamment les têtes de bassin, les vallées alluviales et le pourtour des étangs littoraux. Les évolutions climatiques sont également susceptibles de les impacter.


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